Spiritualité

Bonjour,

S’il est aujourd’hui facile de la distinguer de la religion, peut-être faudrait-il définir ou préciser ce qu’est la “spiritualité“.

J’ai aimé lire un jour chez T. Janssen que “La religion divise et la spiritualité rassemble“. J’ai été surpris de lire cette même phrase dans les propos de F. Mitterrand, propos reportés par Marie de Hennezel dans son ouvrage “Croire aux forces de l’esprit”. Surpris car cette phrase identique a été prononcée avant l’édition du livre de Janssen, mais publiée quelques années après. Mais ce fût somme toute une agréable surprise.

Si je n’étais pas et ne suis toujours pas pro-Mitterrand, si T. Janssen me déçoit avec le partage de selfies en train de méditer devant des pyramides d’Egypte sur les réseaux sociaux (je lui en ai parlé ; il est simplement humain ;-)), je crois que la spiritualité est essentiellement liée à la vie, qu’elle peut se croiser au fil de nombreux ouvrages, auteurs et personnes, même si elles ne sont pas exemplaires, même si le propos n’est pas celui ci.

La spiritualité me fait penser au sacré.

La vie et la nature sont sacrées à mes yeux, malgré ces parts d’ombres qui peuvent nous traverser et nous tirer vers d’autres horizons…
La spiritualité se manifeste dans l’Amour, s’illumine dans l’Art et est souligné par le Beau…
La spiritualité me relie à la notion de “numineux”, dont la paternité est attribuée souvent à tort à Carl Gustav Jung (1). Il est ce saisissement, cet effroi soudain face à la perception d’un “objet existant en dehors de soi (…) où l’âme se tourne d’elle-même vers cet objet…” C’est cette expérience dont parle probablement E. Tolle.
Faute de mots, il était admis pour beaucoup de désigner par “Dieu” cet “objet”.

Mais encore une fois, il me semble que la spiritualité est le lien avec ce sacré qui est en nous, ce mystère que nous projetons en des noms divers et représentations variées souvent colorés d’anthropomorphisme infantile et/ou rassurant (désolé si je choque par ces raccourcis…)

Qu’est-ce qui différencie la matière qui nous constitue de l’être que nous sommes ?

C’est peut-être ce souffle de vie (comme nous le rappelle l’étymologie de “Âme”), cette force intégrative au-delà de notre conscience elle-même. Cette énergie qui se développe au long de la phylogenèse sur notre planète, et de notre propre ontogenèse. Ces éléments me sont “soufflés” par mon expérience autour des Relaxations Dynamiques du 5e au 8e degré, pour rendre à A. Caycedo (2) le fruit de ses recherches sur la conscience, et de mes pratiques initiées depuis mon enfance, renforcées à l’âge adulte…

Nous voyons ainsi que la spiritualité, à mes yeux, dépasse bien sûr le rationnel, le cognitif. Il me semble qu’effectivement certaines expériences de vie l’invitent en nous. Le sentiment de finitude, l’écoute de la vie en nous y contribue. Cette invitation à cette Présence ne nécessite pas d’être un mystique. Du moins il me semble important de rester parmi les vivants 😉
Je crois qu’il reste toutefois important de s’offrir des temps et des lieux pour la contacter. C’est en filigrane ce que propose E. Tolle.

C’est surtout à chacun d’être sceptique mais rester ouvert, d’éprouver, rencontrer et expérimenter, de découvrir et peut-être partager…

Voilà, je pensais n’écrire que quelques lignes, je me suis laissé emporté par le jeu qui s’offrait autour du langage qui nous relie…

Belles découvertes !

(1) Ce terme a été proposé par Rudolf OTTO (1889-1937), l’un des maîtres de la pensée religieuse du XXe siècle. Il est décrit dans son ouvrage “Le sacré”
(2) A. CAYCEDO (1932-2017) est le créateur de la sophrologie. Si j’ai beaucoup apprécié de le rencontrer, de suivre certains de ses cours et d’échanger brièvement, je reste critique quant à certaines de ses positions et propos. Je l’ai évoqué dans le livre “Découvrir la Sophrologie”.

Les 7 choses que font les gens heureux

Les 7 choses que font les gens heureux

© iStock

Il suffirait d’imiter les gens heureux pour le devenir. C’est ce que disent en substance tous les promoteurs du bonheur. En théorie, ces affirmations sont vraies. C’est dans la pratique que les choses se compliquent.

Le bonheur a-t-il encore des secrets ?

L’hypothèse est peu probable tant le thème est abordé continuellement, à travers de nouvelles études ou des livres qui viennent nous expliquer comment l’attraper dans nos filets ou, au contraire, nous prévenir que cette quête a tout de la chasse au dahu.

Mais, dans l’océan des publications, deux sources font toujours référence.

La première est l’étude que deux chercheurs en psychologie, Shigehiro Oishi et Edward Diener, partenaire de recherche du père de la psychologie positive, Martin Seligman, ont menée en 2007 sur le thème de la quête du bonheur. Au total, dix mille personnes ont été interrogées dans quarante-huit pays.

Conclusion : être heureux est l’aspiration prioritaire, très loin devant trouver le sens de la vie, devenir riche ou encore s’assurer le paradis.

La seconde source est une synthèse de toutes les recherches et études traitant de la psychologie positive. Depuis quatre ans, ce recueil des « choses que font les gens heureux » circule partout dans le monde, au point qu’il est devenu une véritable bible apocryphe du bonheur.

Parmi les conseils en forme d’affirmations qu’il contient, nous en avons retenu sept, les fondamentaux, que nous avons choisi de livrer à la réflexion critique du psychanalyste Jean-Michel Hirt.

1. Ils s’entourent de gens heureux

Ce que disent les études.
La joie est contagieuse. Ceux qui sont entourés de gens heureux ont un maximum de chances de devenir heureux à leur tour et de le rester.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Il y a quelque chose de l’ordre de l’évidence dans ce constat. Comme si l’on disait que notre humeur est meilleure par une belle journée d’été douce et ensoleillée, quand on est en bonne compagnie. Mais est-ce qu’une sensation plaisante suffit à rendre heureux ? Rien n’est moins sûr. Nous pouvons connaître un sentiment de bien-être, nous sentir heureux, tout en étant avec des personnes qui le sont moins. Ou en nous trouvant nous-mêmes dans une situation compliquée, qui pourtant nous apporte du plaisir parce qu’elle sollicite notre intelligence et mobilise nos ressources. “Se prendre la tête”, c’est-à-dire penser, peut générer beaucoup de satisfactions. Le bonheur des relations ne réside pas dans le calme plat, l’absence de tensions, de conflits ou de complexité. Certains trouvent d’ailleurs leur compte à être entourés de proches qui ne vont pas bien ou qui sont englués dans les problèmes. Les mêmes éprouvent un malaise à fréquenter des gens dits “heureux”. »

Ses propositions.
« Il s’agit pour chacun de se mettre à l’écoute attentive de ce qu’il ressent (émotions, sensations) lorsqu’il est en relation avec les autres. Le corps envoie des signaux qui nous renseignent sur l’effet que produit sur nous tel ou tel lien. Mais, attention, rien ne se joue en bloc, ni en un instant. C’est sur la durée qu’il faut juger. On doit compter avec l’ambivalence des sentiments et des émotions, les nôtres et celles de l’autre, mais aussi avec les circonstances qui colorent la relation. Il est aussi intéressant de nous interroger sur les bénéfices que nous trouvons dans la compagnie de personnes qui ne vont jamais bien, et sur ce que nous rejouons de notre propre histoire avec elles. »

D’Aristote à Freud, tous les grands observateurs de l’âme humaine ont souligné le lien étroit qui nous unit au plaisir. 

2. Ils cultivent la résilience

Ce que disent les études.
Les gens heureux savent rebondir après une épreuve et ne se laissent pas enfermer dans la dépression.

Le commentaire de J-M Hirt.
« La résilience reste un phénomène bien mystérieux. La capacité à se relever est liée à quelque chose de l’enfance, elle réside dans les ressources premières et inconscientes que l’adulte a pu conserver de ces années-là. De fait, “cultiver la résilience” est une expression qui n’a pas tellement de sens. Pour la cultiver, il faudrait en connaître les ingrédients avec précision, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas seulement animés par des pulsions de vie ; il y a aussi des pulsions de mort qui œuvrent silencieusement en chacun de nous. La résilience se joue entre ces deux régimes pulsionnels. Qui peut les quantifier ? Qui peut prédire de quelle manière se jouera et se terminera ce duel ? Personne. »

Ses propositions.
« Tout d’abord, prendre conscience qu’il y a en nous des forces qui nous tirent vers le bas, et que d’autres sont comme un appel vers l’air, vers la lumière. C’est en encourageant les secondes, en prenant soin d’elles que nous pouvons peut-être nous relever plus facilement d’une épreuve. L’erreur serait de chercher à se relever très vite sans en passer par un questionnement sur ce qui nous a fait tomber. On sait aujourd’hui que la dépression est aussi une période de remaniement psychique, de recherche intérieure, et que ce temps de repli favorise la possibilité de poursuivre sa route autrement. Ce qui est aussi une façon de chercher à être plus heureux. »

3. Ils agissent pour être heureux

Ce que disent les études.
Les gens heureux n’attendent pas le bonheur. Ils sont actifs dans la quête et dans l’expérimentation de tout ce qui peut augmenter leur sentiment de béatitude.

Le commentaire de J-M Hirt.
« On retrouve dans cette formulation le volontarisme conquérant de la culture américaine. Tout dépend de ce que l’on entend par “être actif” dans cette quête : s’agit-il d’appliquer les recettes des best-sellers sur le bonheur ou bien d’ouvrir un espace de questionnement sur soi pour connaître ce qui peut accroître notre sentiment de bien-être ? »

Ses propositions.
« Choisir la seconde option : nous interroger sur la façon dont nous pourrions nous sentir plus heureux. Cela peut passer par l’identification de nos résistances (nos freins intérieurs) et des obstacles extérieurs, puis par une écoute attentive de la façon dont s’exprime notre désir. Dans tous les cas, essayer d’être heureux revient toujours à développer une forme d’attention et de tendresse pour soi qui s’étend ensuite aux autres. »

4. Ils sont dans le don

Ce que disent les études.
Tous les gens heureux utilisent une partie de leur temps à faire du bénévolat, à écouter, à aider les personnes de leur entourage qui en ont besoin.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Donner procure une jouissance de soi-même. La gratification narcissique est indéniable. Cela améliore et renforce l’estime de soi, et nourrit aussi nos aspirations idéales. L’altruisme est un progrès de la culture, une conquête qui est liée à la façon dont nous nous traitons nous-mêmes. Pour donner de manière altruiste, et non se servir de l’autre pour combler uniquement nos failles narcissiques, encore faut-il pouvoir s’aimer suffisamment, et cela n’est pas une disposition présente chez tous. C’est toute la limite de l’injonction “Faites le bien pour être heureux”. L’altruisme n’est pas l’opposé de l’égoïsme sain, qui est un préalable en ce qu’il suppose une prise en compte de soi face à l’autre. »

Ses propositions.
« Prendre soin de soi en se mettant à l’écoute de ses besoins, de ses manques et de ses attentes, puis essayer de les satisfaire à sa mesure et de manière personnelle donne la possibilité de pratiquer un altruisme respectueux de l’autre et bénéfique pour soi. Un “donateur” frustré, ou qui a une mauvaise image de soi, pourra difficilement respecter l’altérité de celui à qui il donne et trouver une satisfaction dans le don. L’ouverture aux autres est gratifiante pour les deux parties lorsque l’on s’est d’abord ouvert à soi-même. »

5. Ils voient le bon côté des choses

Ce que disent les études.
L’optimisme est une condition sine qua non du bonheur. Contrairement aux pessimistes, les optimistes pensent qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Et ils font confiance à leurs ressources pour faire tourner les choses à leur avantage.

Le commentaire de J-M Hirt.

« Il n’est pas question de nier les bienfaits de l’optimisme. Mais il est important de préciser que cet état d’esprit dépend pour une large part de l’histoire et du vécu de chacun. Des événements difficiles et précoces, une famille anxieuse, peu aimante ou trop silencieuse ne sont a priori pas des éléments qui prédisposent à l’optimisme, même si ces éléments ne condamnent pas au pessimisme. Tout dépend de la façon dont chacun fait avec son histoire et avec ses croyances. Ce qui est certain, c’est que dans ce domaine la volonté est hors jeu, ce qui rend vaine l’injonction à voir le bon côté des choses. »

Ses propositions.
« Seul un travail sur soi peut permettre de changer de disposition intérieure, de réviser ses croyances et de ne plus être prisonnier d’une vision négative de soi, des autres et de la vie. Cela passe par la recherche des événements, des images liées à son enfance qui ont contribué à une vision pessimiste et anxieuse de la vie. Il peut aussi être utile de se remémorer les épreuves surmontées et les succès obtenus. Cela aide à ne pas se sentir démuni face aux difficultés. »

6. Ils savent débrancher

Ce que disent les études.
Les gens heureux s’aménagent des coupures pour ne pas se laisser submerger par le stress ou envahir par les autres.

Le commentaire de J-M Hirt.

« Il est difficile de ne pas être d’accord avec ce constat, mais je ne m’en tiendrais pas au sens évident du terme “débrancher”. Par débrancher, je n’entends pas seulement couper le courant pour éviter le court-circuit, mais plutôt mettre en veille pour en revenir à une forme d’intériorité qui n’est pas seulement de l’ordre de la récupération. Il s’agit alors de débrancher pour se rebrancher sur soi. S’accorder ce temps est une forme de bientraitance envers soi qui nourrit le sentiment de bien-être. »

Ses propositions.
« Ce retour à soi peut se faire de différentes manières. Par la méditation, la rêverie, la pratique d’un art, par l’écoute de ses sensations corporelles, de ses émotions, de ses pensées. L’essentiel n’est pas tant de courir après les vacances ou les divertissements que de se donner régulièrement la possibilité d’habiter pleinement son être, de ne pas vivre trop longtemps hors de soi. »

7. Ils s’ouvrent à la spiritualité

Ce que disent les études.
Prier, méditer, s’adonner à des rituels spirituels sont des pratiques qui ont des effets positifs sur la santé psychique. Les valeurs contenues dans les religions contribuent au sentiment de bonheur.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Ne prendre en compte que la dimension matérielle de l’existence ne mène guère au bonheur : l’argent et le confort sont des moyens, non des fins. Mais réduire la spiritualité à des pratiques et des croyances religieuses est un peu simpliste. Celles-ci peuvent être utilisées pour apaiser des angoisses et faire l’économie d’une démarche de libération personnelle que permet l’exploration de sa psyché et de son histoire. Il ne s’agit pas de nier les bienfaits de la prière ou de la méditation, mais plutôt de ne pas les prendre pour des médicaments. Par spiritualité, on peut aussi entendre l’ouverture à la dimension la plus vaste de son esprit, c’est-à-dire à l’être dans toute sa complexité. Cette ouverture se fait par la parole. »

Ses propositions.
« Être à l’écoute de soi puis de l’autre, en étant attentif à la poésie des mots, sans s’attarder sur le sens. Entendre ce qui provient de soi en termes de désir, d’idéal, de singularité, même si c’est dérangeant pour soi. Entendre en souriant, ressentir en nous le spectacle de la nature, une œuvre d’art, une lecture… Cela nous permet de sortir de nos cachots, de passer d’une intelligence fonctionnelle à une intelligence de l’être tout entier. Cet agrandissement de soi est constitutif du bonheur d’être. »

Par Flavia Mazelin Salvi, pour Psychologie Magazine.

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