Le paradoxe du mieux-être : Accueillir plutôt que rechercher

Nous arrivons souvent en thérapie avec un objectif précis : rechercher le calme, la confiance ou le bonheur, et éliminer l’anxiété ou la tristesse.

Pourtant, en ACT (Thérapie d’Acceptation et d’Engagement), nous découvrons que cette « recherche » est souvent le moteur même de la souffrance.

Le piège de l’évitement expérientiel

Lorsque nous cherchons activement à modifier ou supprimer nos états internes (pensées, émotions), nous entrons dans ce que la littérature scientifique nomme l’évitement expérientiel.

Les recherches démontrent que plus nous tentons de supprimer une pensée ou une émotion, plus celle-ci tend à revenir avec intensité et fréquence (Wenzlaff & Wegner, 2000). De plus, la rigidité psychologique résultant de cet évitement est fortement corrélée à une augmentation de la détresse psychologique et des troubles anxieux (Hayes et al., 2006).

« Ce à quoi l’on résiste persiste. »— Adage inspiré de C.G. Jung

 

Le changement de posture : Accueillir

L’alternative proposée par l’ACT n’est pas la résignation, mais l’acceptation active ou l’expansion. Il s’agit de créer de l’espace pour nos ressentis, sans chercher à les manipuler.

Pourquoi changer cette posture ?

  • Réduction de la lutte : En arrêtant de tirer sur la corde contre le « monstre » de l’anxiété, nous récupérons l’énergie perdue dans ce combat inutile.

  • Liberté d’action : L’acceptation permet d’agir en direction de ses valeurs (ce qui compte vraiment pour nous) même en présence d’émotions difficiles (Bond et al., 2011).

En pratique

Au lieu de vous demander « Comment faire disparaître cette sensation ? » (Recherche), essayez de vous demander : « Puis-je faire de la place à cette sensation tout en continuant à faire ce qui est important pour moi maintenant ? » (Accueil).

C’est là que réside la véritable flexibilité psychologique : non pas dans l’absence de douleur, mais dans la capacité à avancer avec elle, sans qu’elle ne dirige notre vie.


Références scientifiques citées

  • Bond, F. W., et al. (2011). Preliminary psychometric properties of the Acceptance and Action Questionnaire–II: A revised measure of psychological inflexibility and experiential avoidance. Behavior Therapy.

  • Hayes, S. C., et al. (2006). Acceptance and Commitment Therapy: Model, processes and outcomes. Behaviour Research and Therapy.

  • Wenzlaff, R. M., & Wegner, D. M. (2000). Thought suppression. Annual Review of Psychology.

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