“Être différent, n’est ni une mauvaise, ni une bonne chose. Cela signifie simplement que vous êtes suffisamment courageux pour être vous-même” A. Camus
Saphia WESPHAEL, “Droit de citer”
Être #différent…
Être différent n’est en soi ni positif ni négatif – c’est simplement une réalité de la diversité humaine.
Nos différences, qu’elles soient physiques, intellectuelles, culturelles ou comportementales, font partie intégrante de notre identité individuelle.
La psychologie nous enseigne que ces différences peuvent être source de défis, notamment en termes d’intégration sociale, mais aussi de grandes forces.
Elles peuvent stimuler la créativité, apporter des perspectives uniques et enrichir nos interactions. L’essentiel est d’apprendre à accepter et valoriser sa propre singularité, tout en développant l’ouverture d’esprit nécessaire pour apprécier celle des autres.
Ultimement, c’est notre attitude envers nos différences, plutôt que les différences elles-mêmes, qui détermine leur impact sur notre bien-être et nos relations.
C’est une question à laquelle nous sommes tous confrontés, plusieurs fois dans notre vie.
C’est – sauf exception – une réponse sociale en termes d’activité qui est attendue.
Comme si cela nous définissait…
Petite proposition pour les personnes curieuses, en lien avec des travaux en psychologie sociale : répondez 20 fois de suite (différemment à chaque fois et brièvement) à la question “Qui suis-je ?” (1) .
Les résultats suivent une progression intéressante, qui part d’une présentation publique (fonctions ou travail, statut social, marital, etc.), pour progresser généralement vers des éléments plus intimes…
Le soi comme contenu
Sans entrer dans une réflexion philosophique, mon propos est surtout ici de souligner une source de problèmes :
Laconfusion entre nos histoires (nom, sexe, origines, métier, relations, statut marital, expériences, rôles, etc.) et qui nous sommes réellement.
En Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT) que je privilégie, c’est l’un des six processus centraux, source de souffrance (2) : l’attachement au soi conceptualisé, ou “soi comme contenu” (Patty Bach), c’est à dire à une manière de nous décrire. Jonathan Lehmann utilise les termes simples et intéressants de «Moi histoire».
Si nous commençons à croire cette histoire qui nous traverse, à croire que nous sommes cette histoire et surtout si nous y attachons de l’importance, alors nous risquons un jour ou l’autre d’être confrontés à des problèmes.
Si nous nous attachons à ces rôles, ces statuts actuels ou bien de notre passé, nous glisserons alors vers la souffrance au moindre écueil les remettant en question, ou les modifiant (séparation, perte d’emploi ou de revenus, retraite, dégradation physique, etc.).
Le personnage : ce que nous présentons
Sans doute beaucoup d’entre vous connaissent l’étymologie du mot personnage utilisé depuis le XIIIè siècle. Il me semble intéressant d’y faire un court détour.
Ce mot est en effet formé à partir du latin Persona qui désigne le masque de l’acteur : ce qui est présenté, visible.
Il va ensuite désigner un rôle dans une pièce de théâtre ; pour finalement signifier “caractère”.
Le rôle de l’acteur n’est pas l’acteur.
Ne pas confondre la fonction et l’Être.
Comment faire ?
Depuis le début de votre lecture, peut-être avez-vous trouvé quelques pistes.
L’une d’elles consiste justement à ne pas s’attacher (ou à s’attacher le moins possible) à cette histoire, j’ai envie d’écrire, à notre passé.
La thérapie d’ACT vise ainsi – parmi 6 axes thérapeutiques – à développer une meilleure conscience de soi, de cette part de nous qui reste commune, quoi que nous vivions et traversions.
Le Soi comme contexte
Nos pensées changent continuellement. Nos sentiments varient. Nos statuts, notre corps se modifient…
Pourtant, il y a ce “je” invariant derrière toutes nos expériences. L’essence de notre Être.
Je ne parle pas toutefois de cette partie de nous qui pense, qui a des croyances, des souvenirs, des fantasmes (le soi penseur, voire ce “Moi jacasseur”, pour reprendre les termes de J. Donnars). Il s’agit d’un aspect beaucoup moins familier et plus difficile d’accès, source de libération.
En thérapie d’ACT on le désigne par les termes de Soi comme contexte (en opposition au soi comme contenu). Il s’agit de cette part qui peut observer nos expériences psychiques et émotionnelles, ce Soi qui reste le même, que nous soyons enfant ou très âgé. Il peut être rapproché de la notion du «Moi Présent» de Jonathan Lehmann, même si ce dernier correspond davantage à un autre axe essentiel en Thérapie d’Acceptation et d’Engagement…
Comme beaucoup de psychothérapeutes, je privilégie pour plus de clarté les termes de Soi Observateur.
Concrètement, cela passera par la pratique, l’entraînement. Il s’agit d’apprendre à faire ce pas de côté, à prendre du recul en observant dans l’instant ce qui nous traverse : d’abord nos sensations, ensuite nos pensées puis nos émotions difficiles.
Il s’agit de développer, progressivement, à l’aide d’exercices spécifiques, le point de vue de l’observateur.
Cet article a été écrit suite à une séance de psychothérapie le 28 mai dernier* au sujet de la confusion entre fonctions et personne : je remercie mon patient qui se reconnaîtra pour cela. [*en 2020]
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