Les 7 choses que font les gens heureux

Les 7 choses que font les gens heureux

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Il suffirait d’imiter les gens heureux pour le devenir. C’est ce que disent en substance tous les promoteurs du bonheur. En théorie, ces affirmations sont vraies. C’est dans la pratique que les choses se compliquent.

Le bonheur a-t-il encore des secrets ?

L’hypothèse est peu probable tant le thème est abordé continuellement, à travers de nouvelles études ou des livres qui viennent nous expliquer comment l’attraper dans nos filets ou, au contraire, nous prévenir que cette quête a tout de la chasse au dahu.

Mais, dans l’océan des publications, deux sources font toujours référence.

La première est l’étude que deux chercheurs en psychologie, Shigehiro Oishi et Edward Diener, partenaire de recherche du père de la psychologie positive, Martin Seligman, ont menée en 2007 sur le thème de la quête du bonheur. Au total, dix mille personnes ont été interrogées dans quarante-huit pays.

Conclusion : être heureux est l’aspiration prioritaire, très loin devant trouver le sens de la vie, devenir riche ou encore s’assurer le paradis.

La seconde source est une synthèse de toutes les recherches et études traitant de la psychologie positive. Depuis quatre ans, ce recueil des « choses que font les gens heureux » circule partout dans le monde, au point qu’il est devenu une véritable bible apocryphe du bonheur.

Parmi les conseils en forme d’affirmations qu’il contient, nous en avons retenu sept, les fondamentaux, que nous avons choisi de livrer à la réflexion critique du psychanalyste Jean-Michel Hirt.

1. Ils s’entourent de gens heureux

Ce que disent les études.
La joie est contagieuse. Ceux qui sont entourés de gens heureux ont un maximum de chances de devenir heureux à leur tour et de le rester.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Il y a quelque chose de l’ordre de l’évidence dans ce constat. Comme si l’on disait que notre humeur est meilleure par une belle journée d’été douce et ensoleillée, quand on est en bonne compagnie. Mais est-ce qu’une sensation plaisante suffit à rendre heureux ? Rien n’est moins sûr. Nous pouvons connaître un sentiment de bien-être, nous sentir heureux, tout en étant avec des personnes qui le sont moins. Ou en nous trouvant nous-mêmes dans une situation compliquée, qui pourtant nous apporte du plaisir parce qu’elle sollicite notre intelligence et mobilise nos ressources. “Se prendre la tête”, c’est-à-dire penser, peut générer beaucoup de satisfactions. Le bonheur des relations ne réside pas dans le calme plat, l’absence de tensions, de conflits ou de complexité. Certains trouvent d’ailleurs leur compte à être entourés de proches qui ne vont pas bien ou qui sont englués dans les problèmes. Les mêmes éprouvent un malaise à fréquenter des gens dits “heureux”. »

Ses propositions.
« Il s’agit pour chacun de se mettre à l’écoute attentive de ce qu’il ressent (émotions, sensations) lorsqu’il est en relation avec les autres. Le corps envoie des signaux qui nous renseignent sur l’effet que produit sur nous tel ou tel lien. Mais, attention, rien ne se joue en bloc, ni en un instant. C’est sur la durée qu’il faut juger. On doit compter avec l’ambivalence des sentiments et des émotions, les nôtres et celles de l’autre, mais aussi avec les circonstances qui colorent la relation. Il est aussi intéressant de nous interroger sur les bénéfices que nous trouvons dans la compagnie de personnes qui ne vont jamais bien, et sur ce que nous rejouons de notre propre histoire avec elles. »

D’Aristote à Freud, tous les grands observateurs de l’âme humaine ont souligné le lien étroit qui nous unit au plaisir. 

2. Ils cultivent la résilience

Ce que disent les études.
Les gens heureux savent rebondir après une épreuve et ne se laissent pas enfermer dans la dépression.

Le commentaire de J-M Hirt.
« La résilience reste un phénomène bien mystérieux. La capacité à se relever est liée à quelque chose de l’enfance, elle réside dans les ressources premières et inconscientes que l’adulte a pu conserver de ces années-là. De fait, “cultiver la résilience” est une expression qui n’a pas tellement de sens. Pour la cultiver, il faudrait en connaître les ingrédients avec précision, ce n’est pas le cas. Nous ne sommes pas seulement animés par des pulsions de vie ; il y a aussi des pulsions de mort qui œuvrent silencieusement en chacun de nous. La résilience se joue entre ces deux régimes pulsionnels. Qui peut les quantifier ? Qui peut prédire de quelle manière se jouera et se terminera ce duel ? Personne. »

Ses propositions.
« Tout d’abord, prendre conscience qu’il y a en nous des forces qui nous tirent vers le bas, et que d’autres sont comme un appel vers l’air, vers la lumière. C’est en encourageant les secondes, en prenant soin d’elles que nous pouvons peut-être nous relever plus facilement d’une épreuve. L’erreur serait de chercher à se relever très vite sans en passer par un questionnement sur ce qui nous a fait tomber. On sait aujourd’hui que la dépression est aussi une période de remaniement psychique, de recherche intérieure, et que ce temps de repli favorise la possibilité de poursuivre sa route autrement. Ce qui est aussi une façon de chercher à être plus heureux. »

3. Ils agissent pour être heureux

Ce que disent les études.
Les gens heureux n’attendent pas le bonheur. Ils sont actifs dans la quête et dans l’expérimentation de tout ce qui peut augmenter leur sentiment de béatitude.

Le commentaire de J-M Hirt.
« On retrouve dans cette formulation le volontarisme conquérant de la culture américaine. Tout dépend de ce que l’on entend par “être actif” dans cette quête : s’agit-il d’appliquer les recettes des best-sellers sur le bonheur ou bien d’ouvrir un espace de questionnement sur soi pour connaître ce qui peut accroître notre sentiment de bien-être ? »

Ses propositions.
« Choisir la seconde option : nous interroger sur la façon dont nous pourrions nous sentir plus heureux. Cela peut passer par l’identification de nos résistances (nos freins intérieurs) et des obstacles extérieurs, puis par une écoute attentive de la façon dont s’exprime notre désir. Dans tous les cas, essayer d’être heureux revient toujours à développer une forme d’attention et de tendresse pour soi qui s’étend ensuite aux autres. »

4. Ils sont dans le don

Ce que disent les études.
Tous les gens heureux utilisent une partie de leur temps à faire du bénévolat, à écouter, à aider les personnes de leur entourage qui en ont besoin.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Donner procure une jouissance de soi-même. La gratification narcissique est indéniable. Cela améliore et renforce l’estime de soi, et nourrit aussi nos aspirations idéales. L’altruisme est un progrès de la culture, une conquête qui est liée à la façon dont nous nous traitons nous-mêmes. Pour donner de manière altruiste, et non se servir de l’autre pour combler uniquement nos failles narcissiques, encore faut-il pouvoir s’aimer suffisamment, et cela n’est pas une disposition présente chez tous. C’est toute la limite de l’injonction “Faites le bien pour être heureux”. L’altruisme n’est pas l’opposé de l’égoïsme sain, qui est un préalable en ce qu’il suppose une prise en compte de soi face à l’autre. »

Ses propositions.
« Prendre soin de soi en se mettant à l’écoute de ses besoins, de ses manques et de ses attentes, puis essayer de les satisfaire à sa mesure et de manière personnelle donne la possibilité de pratiquer un altruisme respectueux de l’autre et bénéfique pour soi. Un “donateur” frustré, ou qui a une mauvaise image de soi, pourra difficilement respecter l’altérité de celui à qui il donne et trouver une satisfaction dans le don. L’ouverture aux autres est gratifiante pour les deux parties lorsque l’on s’est d’abord ouvert à soi-même. »

5. Ils voient le bon côté des choses

Ce que disent les études.
L’optimisme est une condition sine qua non du bonheur. Contrairement aux pessimistes, les optimistes pensent qu’après la pluie vient toujours le beau temps. Et ils font confiance à leurs ressources pour faire tourner les choses à leur avantage.

Le commentaire de J-M Hirt.

« Il n’est pas question de nier les bienfaits de l’optimisme. Mais il est important de préciser que cet état d’esprit dépend pour une large part de l’histoire et du vécu de chacun. Des événements difficiles et précoces, une famille anxieuse, peu aimante ou trop silencieuse ne sont a priori pas des éléments qui prédisposent à l’optimisme, même si ces éléments ne condamnent pas au pessimisme. Tout dépend de la façon dont chacun fait avec son histoire et avec ses croyances. Ce qui est certain, c’est que dans ce domaine la volonté est hors jeu, ce qui rend vaine l’injonction à voir le bon côté des choses. »

Ses propositions.
« Seul un travail sur soi peut permettre de changer de disposition intérieure, de réviser ses croyances et de ne plus être prisonnier d’une vision négative de soi, des autres et de la vie. Cela passe par la recherche des événements, des images liées à son enfance qui ont contribué à une vision pessimiste et anxieuse de la vie. Il peut aussi être utile de se remémorer les épreuves surmontées et les succès obtenus. Cela aide à ne pas se sentir démuni face aux difficultés. »

6. Ils savent débrancher

Ce que disent les études.
Les gens heureux s’aménagent des coupures pour ne pas se laisser submerger par le stress ou envahir par les autres.

Le commentaire de J-M Hirt.

« Il est difficile de ne pas être d’accord avec ce constat, mais je ne m’en tiendrais pas au sens évident du terme “débrancher”. Par débrancher, je n’entends pas seulement couper le courant pour éviter le court-circuit, mais plutôt mettre en veille pour en revenir à une forme d’intériorité qui n’est pas seulement de l’ordre de la récupération. Il s’agit alors de débrancher pour se rebrancher sur soi. S’accorder ce temps est une forme de bientraitance envers soi qui nourrit le sentiment de bien-être. »

Ses propositions.
« Ce retour à soi peut se faire de différentes manières. Par la méditation, la rêverie, la pratique d’un art, par l’écoute de ses sensations corporelles, de ses émotions, de ses pensées. L’essentiel n’est pas tant de courir après les vacances ou les divertissements que de se donner régulièrement la possibilité d’habiter pleinement son être, de ne pas vivre trop longtemps hors de soi. »

7. Ils s’ouvrent à la spiritualité

Ce que disent les études.
Prier, méditer, s’adonner à des rituels spirituels sont des pratiques qui ont des effets positifs sur la santé psychique. Les valeurs contenues dans les religions contribuent au sentiment de bonheur.

Le commentaire de J-M Hirt.
« Ne prendre en compte que la dimension matérielle de l’existence ne mène guère au bonheur : l’argent et le confort sont des moyens, non des fins. Mais réduire la spiritualité à des pratiques et des croyances religieuses est un peu simpliste. Celles-ci peuvent être utilisées pour apaiser des angoisses et faire l’économie d’une démarche de libération personnelle que permet l’exploration de sa psyché et de son histoire. Il ne s’agit pas de nier les bienfaits de la prière ou de la méditation, mais plutôt de ne pas les prendre pour des médicaments. Par spiritualité, on peut aussi entendre l’ouverture à la dimension la plus vaste de son esprit, c’est-à-dire à l’être dans toute sa complexité. Cette ouverture se fait par la parole. »

Ses propositions.
« Être à l’écoute de soi puis de l’autre, en étant attentif à la poésie des mots, sans s’attarder sur le sens. Entendre ce qui provient de soi en termes de désir, d’idéal, de singularité, même si c’est dérangeant pour soi. Entendre en souriant, ressentir en nous le spectacle de la nature, une œuvre d’art, une lecture… Cela nous permet de sortir de nos cachots, de passer d’une intelligence fonctionnelle à une intelligence de l’être tout entier. Cet agrandissement de soi est constitutif du bonheur d’être. »

Par Flavia Mazelin Salvi, pour Psychologie Magazine.

Bientôt des bactéries pour lutter contre la dépression ?

bactéries

Des chercheurs viennent de montrer chez la souris que l’absence d’un certain type de bactéries dans les intestins était associée à l’état dépressif.

Ca fait une quinzaine d’années maintenant qu’on sait que l’intestin et le cerveau ont des connexions très étroites ! C’est un domaine d’étude évidemment passionnant pour les chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm, et du CNRS qui avaient déjà publié au mois de mars une étude sur le lien entre la dépression et le déséquilibre du microbiote. Ils avaient montré qu’un microbiote appauvri peut conduire à un déficit de fabrication de la sérotonine, qui conditionne notre joie de vivre.

Il s’agit des lactobaccilus ; et quand on en manque, on ne fabrique plus assez d’endocannabinoïdes qui régulent notre humeur et notre bien-être.
Une souris à qui on transfère un microbiote appauvri de ces bactéries devient dépressive : elle perd le goût de manger, de jouer, de survivre…
Elle se noie si on la met dans l’eau, quand celle qui est en forme se met à nager par exemple.

Bonne nouvelle, si on redonne les bonnes bactéries à la souris, elle retrouve son entrain.

Ce qui ouvre évidemment une piste incroyable en terme de traitement de la dépression !


Source : Entretien avec Pierre-Marie Lledo, responsable de l’unité Perception et mémoire à l’Institut Pasteur et co-auteur de l’étude, par Véronique Julia,  journaliste pour France Inter.

Etude : Chevalier, G., Siopi, E., Guenin-Macé, L. et al. Effect of gut microbiota on depressive-like behaviors in mice is mediated by the endocannabinoid system. Nat Commun 11,6363 (2020). https://doi.org/10.1038/s41467-020-19931-2

Marche Afghane

«La marche afghane est une technique de marche basée sur le principe de la coordination de la respiration au rythme des pas.

Elle est née dans les années 1980 à partir des observations effectuées par le français Édouard G. Stiegler, auprès des caravaniers afghans, capables d’effectuer des marches de plus de 60 km par jour pendant des dizaines de jours.

Elle s’appuie sur le principe de synchronisation de la respiration avec les pas effectués tout en tenant compte de la déclivité du terrain : plus le terrain est pentu, plus les pas seront réduits.

Le rythme par contre, reste fonction de chacun. Il faut essayer pour trouver son propre rythme.

Le principe est donc l’harmonie, le système de balancier : on doit avoir le même nombre de pas à l’expiration et à l’inspiration, et chaque apnée doit être équivalente à la précédente.

Par exemple, on aura :

– 3 pas pendant l’inspiration,

– 1 pas les poumons pleins,

– 3 pas pendant l’expiration,

– 1 pas les poumons vides ;

et on reprend. En montée, la technique est un peu différente : on compte autant de pas à l’inspiration qu’à l’expiration et on adapte le rythme en fonction de la difficulté. Plus la pente est raide, plus le rythme est court : on inspire et on expire sur 4 pas ou 3 puis 2 au fur et à mesure que la pente s’accentue ; sans retenir sa respiration».(1)

Excellent exercice, la marche rapide est recommandée pour maintenir une bonne santé physique et psychique.

La marche afghane permet, du fait d’être attentif au pas et à la respiration, d’être davantage centré sur l’expérience présente et contribue à apaiser les troubles anxieux.

Illustration de Laelia Gautier​​
https://www.instagram.com/les_petits_bonhommes/

(1) Texte extrait de https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Marche_afghane

Se connecter

Se connecter à soi pour mieux se connecter aux autres

La méditation formelle et informelle, le fait de développer des compétences de pleine attention (mindfulness), est une discipline quotidienne pour moi.

Elle contribue à être plus juste avec moi-même, avec mes proches et les personnes que j’accompagne.

La méditation, c’est prendre soin de soi et des autres, c’est un acte de partage.

Le pouvoir du sourire

Le sourire constitue l’une des premières marques du lien social, dès notre naissance. Acte réflexe, marque de personnalité, compétence relationnelle, sont autant de dimensions qui donnent au sourire son caractère central dans notre développement individuel autant que dans nos rôles sociaux.

Sourire

Le sourire est un outil d’influence sur soi-même (mon cerveau perçoit quand je souris) et sur les autres. Le sourire est contagieux. Associé à la compétence, il accroît la crédibilité ; appuyé sur de la bienveillance, il crée de l’engagement, voire de la coopération et de l’entraide.

Le sourire est une des plus belles monnaies d’échange de l’humanité : avec un sourire on peut obtenir de l’aide, de la considération, une opportunité, déclencher une demande ou favoriser une rencontre.

Sourire, en particulier face aux difficultés, c’est se préparer et préparer les autres à agir, c’est affirmer sa confiance a priori dans les forces de chacun et dans la capacité de tous à recréer les conditions du sourire collectif. C’est faire acte d’espoir. C’est faire acte de confiance. C’est faire acte d’optimisme.

Philippe Gabilliet

Epuisement professionnel ou burnout

Quand l’investissement professionnel devient trop lourd à porter

Le burnout ou l’épuisement professionnel, initialement identifié parmi les personnels soignant et aidant, peut concerner toutes les professions qui demandent un engagement personnel intense. Les mesures de prévention doivent empêcher une aggravation de la santé des personnes déjà menacées d’épuisement et, parallèlement, prévenir l’apparition d’autres cas.

Fatigue

Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burnout, est un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante. Il se caractérise par 3 dimensions :

  • l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles,
  • la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre (les usagers, clients ou patients deviennent des objets), vision négative des autres et du travail,
  • le sentiment de non-accomplissement personnel au travail : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, dépréciation de ses résultats, sentiment de gâchis…

De nombreuses professions demandent un investissement personnel et affectif important. Les salariés exerçant ces métiers peuvent être concernés par le risque de burnout quand ils en arrivent à ressentir un écart trop important entre leurs attentes, la représentation qu’ils ont de leur métier (portée par des valeurs et des règles) et la réalité du travail. Cette situation, qui les épuise et les vide « émotionnellement », les conduit à remettre en cause leur investissement initial.

Exemples d’exposition aux risques

L’exposition au risque de burnout peut concerner les professions d’aide, de soins, de l’enseignement… des professions où la relation à l’autre est au centre de l’activité et constitue un enjeu, parfois vital, pour les bénéficiaires de cette relation (les usagers, les patients, les clients, …). Toutefois le burnout peut également concerner d’autres secteurs d’activité susceptibles de mobiliser et d’engager les personnes sur des valeurs professionnelles très prégnantes.

Cas d’une infirmière hospitalière

« Ma profession d’infirmière, je l’ai choisie, je l’ai voulue… Mais aujourd’hui, j’ai l’impression d’être vidée. Je dois aller d’un lit à l’autre. J’ai l’impression de n’avoir jamais le temps de faire correctement mon travail. Je supporte de moins en moins les plaintes, les angoisses des patients. Je me dis qu’être infirmière n’est pas aussi valorisant, gratifiant que cela… »

Cette infirmière ne sait plus où elle en est. Elle doute d’elle-même : pourquoi, elle, autrefois si investie dans son travail, ne croit-elle plus en son métier ? Les contraintes particulières de son métier de soin et d’aide, non compensées par « autre chose » ont eu raison de son investissement initial. Le stress de la profession devient trop lourd à porter, et elle développe un syndrome du burnout.

Facteurs de risque

L’épuisement professionnel étant une conséquence du stress au travail, on retrouve parmi les causes du burnout des facteurs de stress. Différentes études ont spécifiquement permis de souligner le rôle des facteurs suivants :

  • Surcharge de travail, pression temporelle,
  • Faible contrôle sur son travail,
  • Faibles récompenses,
  • Manque d’équité,
  • Conflits de valeur, demandes contradictoires,
  • Manque de clarté dans les objectifs, les moyens.

L’effet de ces facteurs de risque peut se combiner, pour certaines professions de relations d’aide (infirmières, médecins, travailleurs sociaux, enseignants,…), à la charge émotionnelle inhérente à ces professions.

Accidents et effets sur la santé

Les manifestations de l’épuisement professionnel, plus ou moins aigues, peuvent être d’ordre :

  • émotionnel (sentiment de vide, d’impuissance, perte de confiance en soi, irritabilité, pessimisme, attitude « bureaucratique »…),
  • cognitif (difficulté de concentration, indécision, difficultés à faire des opérations simples, altération de la qualité du travail…),
  • physique (fatigue généralisée, maux de tête, de dos, tensions musculaires, troubles du sommeil,…)
  • interpersonnel et comportemental (repli, isolement, agressivité, impulsivité, baisse de l’empathie, conduites addictives…)
  • motivationnel et attitudinal (attitude négative envers le travail et les autres, désengagement,…)

La symptomatologie du burnout est de fait assez complexe, peu spécifique et peut évoluer vers la dépression ou l’anxiété.

Prévention

Pour prévenir l’apparition du phénomène d’épuisement professionnel, il est recommandé de veiller à ce que l’organisation du travail et les contraintes qu’elle génère ne surchargent pas les salariés et ne les mettent pas en porte-à-faux vis-à-vis des règles et des valeurs de leur métier. Il convient également de permettre le travail en équipe ou encore de favoriser le soutien social. Et de manière plus générale, il est recommandé de mettre en place une démarche de prévention collective des RPS (voir dossier Risques psychosociaux).

Repérer les situations de burnout

Au niveau individuel, l’employeur, l’encadrement, les acteurs de la prévention au sein de l’entreprise, le service de santé au travail doivent être vigilants à un ensemble de signaux pouvant laisser penser qu’un salarié est peut-être en situation de burnout :

  • Le salarié se plaint-il de manquer d’énergie pour accomplir son travail ?
  • Fait-il part de problèmes de concentration, de manque de disponibilité mentale au travail ?
  • Est-il facilement irritable ?
  • Dévalorise-t-il le travail qu’il accomplit, sa propre efficacité et ses compétences ?
  • Manifeste-t-il des signes de désinvestissement professionnel ?

Un changement dans l’attitude du salarié, un repli sur soi, un désengagement inhabituel sont autant de signaux qui doivent interpeller l’entourage professionnel.

Au niveau collectif, les indicateurs de dépistage des risques psychosociaux pourront être examinés.
Le repérage du burnout peut également se faire par questionnaires.

Mettre en place des mesures de prévention collective

Des mesures de prévention adaptées doivent être recherchées et mises en place. Elles ont pour objectif de faire diminuer les exigences professionnelles qui pèsent sur les salariés et d’augmenter les ressources à leur disposition.

Exemples de mesures de prévention collective de l’épuisement professionnel :

  • Veiller à ne pas surcharger certains postes ou certains salariés,
  • Favoriser le soutien social et éviter l’isolement : mise en place de groupes d’échanges sur les pratiques professionnelles, renforcement du travail en équipe (temps de travail réservé aux relèves de postes, espaces de partage d’expérience et d’échanges),
  • Améliorer le retour sur l’efficacité du travail, la reconnaissance du travail accompli,
  • Etre vigilant au traitement équitable des salariés,
  • Eviter les conflits éthiques autour de la qualité du travail, en partageant les objectifs et les manières de faire pour les atteindre.

Prendre en charge les personnes atteintes du burnout

Quand une ou plusieurs personnes sont victimes d’épuisement, l’encadrement peut leur proposer un entretien permettant de faire le point sur leurs difficultés. Les raisons de leur état en lien avec le travail doivent être recherchées. Elles peuvent parallèlement contacter le médecin du travail. Celui-ci estimera la nécessité d’une orientation vers une prise en charge spécialisée et appréciera l’opportunité d’un aménagement de poste ou d’une redéfinition des objectifs et des moyens à leur disposition. Le service de santé au travail peut également aider l’entreprise à repérer les facteurs de risques professionnels en lien avec les cas de burnout portés à sa connaissance.

Source et ressources : https://www.inrs.fr/risques/epuisement-burnout/ce-qu-il-faut-retenir.html

Méditations

Méditants à genouxDes ressources gratuites, pour renforcer nos capacités à être dans l’expérience présentes, accepter plus sereinement les obstacles intérieurs qui nous traversent (sensations, émotions, pensées désagréables) :

https://covidecoute.org/mediter-lors-du-confinement/

Le burn out parental

Le burn-out parental par Géraldine Maigret , psychologue spécialisée en neuropsychologie

source : NewsLetter de la psychométrie #22, du 6 novembre 2020

Un petit rappel historique s’impose pour mieux appréhender la situation actuelle des parents au XXIème siècle.

Des changements concernant la place de l’enfant au sein de la famille ainsi que des évolutions de la structure familiale et des rôles parentaux ont commencé à apparaitre à la fin des années 60. Cette période coïncide avec l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies, en 1959, de la Déclaration des Droits de l’Enfant où sont exposés 10 grands principes. Bien qu’à cette date il ne s’agisse que d’une déclaration de principe, d’ordre moral et non contraignante pour les états, elle est le signe d’une véritable reconnaissance des droits de l’enfant.

L’avènement de l’autorité parentale conjointe, en 1970, est une autre date marquante dans la nouvelle structuration de la famille. Jusqu’alors, cette autorité était exercée uniquement par le père.

Il faudra attendre les bouleversements de Mai 68 et la prise de parole des psychanalystes et des pédagogues pour voir le paysage social et familial évoluer davantage. Cette époque sera marquée par un profond remaniement des valeurs traditionnelles, avec une place nouvelle accordées aux femmes dans la société (accès à la contraception efficace, loi Veil janvier 1975, loi sur le divorce en 1975…).
Tous ces bouleversements de la société ainsi que l’amélioration des conditions de vie vont contribuer à réduire le nombre d’enfants au sein de la famille. « Avoir un enfant » devient un choix lucide et réfléchi pour le plus grand nombre, un bien précieux tant au niveau familial qu’au niveau social.

Mais les dernières décennies ont mis à mal les parents, notamment par le biais de la multiplication des réseaux sociaux qui publient massivement des images de « parents idéaux, admirables et accomplis » et qui prônent des climats de bienveillance et de pédagogie positive. Comme mentionné par Moïra Mikolajczak, professeure de psychologie à l’Université de Louvain-la-Neuve :”il faut arrêter de poster des photos parfaites car elles peuvent créer des situations de stress pour les autres parents”.

En lien avec la situation extraordinaire de confinement que nous venons de vivre, la notion de burn-out parental et les études scientifiques qui y sont liées ont inondé les médias et les réseaux sociaux. Et tant mieux !

La reconnaissance de l’existence de ce trouble, touchant de plus en plus de parents, est principalement due aux travaux de recherche colossaux réalisés par Isabelle Roskam et collaborateurs de l’Université de Louvain-la-Neuve. Selon les chiffres des chercheuses, la prévalence du burn-out parental serait de 5% et les personnes présentant un risque élevé de développer des symptômes caractéristiques du burn-out parental représenteraient 8% de la population générale.

Qu’est-ce que le burn-out parental ?

Il s’agit tout d’abord d’un trouble appartenant à la catégorie des pathologies liées au stress.

La présence d’un stress chronique va progressivement déséquilibrer la balance entre les « stresseurs » (facteurs de risque) que rencontrent les parents et les « ressources » (facteurs de protection) sur lesquelles ils peuvent s’appuyer. Dans la majorité des cas, le stress des parents est compensé par des moments agréables et positifs de parentalité.

Méthode Balance  Risques/Ressources appliquée à la parentalité.

Mikolajczak, M., & Roskam, I. (2018). A Theoretical and Clinical Framework for Parental Burnout: The Balance Between Risks and Resources (BR2). Frontiers in Psychology, 9. doi: 10.3389/fpsyg.2018.00886 

Les symptômes primaires et les outils

Le Parental Burnout Assessment (PBA) comporte 23 items organisés en 4 dimensions (Roskam, Brianda, & Mikolajczak, 2018), représentant les 4 symptômes cardinaux  du burn-out parental :

1.    L’épuisement émotionnel en lien avec la parentalité.
2.    La distanciation émotionnelle du parent envers son/ses enfant(s).
3.    La saturation et la perte de plaisir liées au rôle de parent.
4.    Le contraste entre le « parent d’avant » et « le parent d’aujourd’hui ».

Le diagnostic différentiel est essentiel pour accompagner au mieux les parents, afin de distinguer le burn-out parental d’un burn-out professionnel, d’une dépression et du trouble anxieux généralisé.

Quelques grandes étapes de la prise en charge :

Reconnaître la souffrance et la nommer constitue déjà une avancée significative pour ces parents qui, la plupart du temps, ne partagent pas leur expérience douloureuse avec leurs pairs par crainte d’être jugés.

Le professionnel travaille dans un premier temps sur l’identification des risques principaux (agents stresseurs) rencontrés par le patient et des ressources dont il dispose. Pour mener cette exploration, il peut s’appuyer sur le modèle BR2 © (modèle de la balance des risques et des ressources), à partir d’un questionnaire spécifique.

Il accompagne les parents (individuellement ou en couple) afin qu’ils puissent identifier de manière constructive les sources de stress dans leur environnement et les aide à mettre en place des stratégies visant à les diminuer et/ou à mieux les gérer.
Les ressources disponibles sont, quant à elles, valorisées et le professionnel aide les parents à les déployer et les enrichir, en tenant compte de leurs besoins spécifiques et de leurs capacités, l’objectif étant de rééquilibrer la balance Ressources / Stresseurs pour les amener à éprouver à nouveau du plaisir dans leur parentalité.

“Chaque burnout parental a son histoire. Il n’existe pas de profil type du parent en burn-out. L’épuisement guette tout parent qui accumulerait un trop grand nombre de risques sans compenser par des ressources.”

Isabelle Roskam, Moïra Mikolajczak, Le burn-out parental, 2018, De Boeck supérieur (Carrefour des psychothérapies).

La technique respiratoire du bourdon

Bhramari pranayama, la technique respiratoire du bourdon, une technique simple et efficace, aux confins du yoga et de la pleine conscience :

Volontiers en posture assise, dos libre de tout contact, tête droite.
Il est possible d’initier la pratique par une «lecture du corps» (ou «scan corporel»).

Les index bouchent les oreilles, sans entrer dans les conduits auditifs.
La bouche reste fermée, mâchoire inférieure relâchée.

Inspiration par le nez, expiration en soutenant la prononciation continue d’un «Mmmmm…», initié au niveau de la gorge, orienté vers le crâne.

Assis, dos redressé. Oreilles bouchées par indexDessin original de Laelia GAUTIER

Continuer ainsi sur 12 respirations, avant de réaliser une pause de totalisation silencieuse, attentif aux sensations au niveau de la tête.

Plusieurs études scientifiques ont prouvé l’efficacité de Bhramari pranayama :

Son influence sur la pression artérielle et la fréquence cardiaque a été évaluée lors d’une étude menée en 2010 par le Dr Tapas Pramanik (Département de physiologie, Nepal Medical College, Jorpati, Kathmandou). Lors de cette exploration, ces deux paramètres ont été mesurés sur un groupe de 50 volontaires en bonne santé. Les participants ont ensuite effectué pendant 5 minutes Bhramari pranayama, dans un endroit frais et bien aéré.

Puis les mêmes constantes ont été de nouveau mesurées. Les résultats enregistrés montrent une diminution significative de la pression artérielle (diastolique et systolique) ainsi qu’une légère baisse de la fréquence cardiaque. Ceci après seulement cinq minutes.

Interrogés sur leur sentiment après cet exercice, la plupart des participants témoignent d’un calme d’esprit, d’une sensation de bien-être. Ceci est confirmé par de très nombreuses études médicales démontrant le lien entre modes de respiration et états émotionnels. Les pranayamas permettent de réduire les niveaux d’anxiété par une augmentation de l’activité parasympathique dans le système nerveux autonome.

L’état de détente attentive instaurée par une technique méditative est caractérisé par la présence de l’activité alpha dans le cerveau (activité électrique de 7,7 à 12,5 Hz). Lors d’une méditation profonde, la fréquence peut baisser encore davantage.

Cependant, des études ont démontré que dans certaines situations, des pratiquants expérimentés peuvent générer une activité d’une amplitude rare, dans une plage de gamma (de 32 à 100 Hz par seconde).

Or, dans une autre étude sur bhramari pranayama, publiée en 2009 dans la revue Consciousness and Cognition (EEG paroxysmal gamma waves during Bhramari Pranayama: a yoga breathing technique), l’activité du cerveau pendant le bourdonnement a été mesurée. Les résultats ont démontré que, même chez les débutants, il y a présence d’ondes gamma.

Le bourdonnement a également une répercussion sur les sinus. D’après le Professeur Pär Stjärne (médecin chef de clinique, oto-rhino-laryngologiste à l’institut Karolinska en Suède), le fait de produire ce son permet de libérer des sinus, du monoxyde de carbone qui y est produit.

Ce gaz pénètre ensuite dans les poumons lors de la prochaine inspiration ; il aide à dilater les alvéoles, à augmenter l’absorption d’oxygène et contribue à protéger les poumons des infections.

Le bourdonnement soulage aussi les acouphènes. C’est ce qu’a démontré Sidheshwar Pandey, médecin indien, spécialiste de l’audition. Même les personnes présentant de sévères acouphènes peuvent pratiquer cette respiration.

Pratiquer bhramari pranayama permet une amélioration des résultats scolaires

Une étude menée en Inde et rapportée en 2012 a évalué l’effet de bhramari pranayama sur la quantité et la qualité de l’apprentissage atteint chez un sujet après une période d’instruction. Il s’agissait de savoir si bhramari pranayama pouvait avoir une incidence positive sur le rendement scolaire en mathématiques, en sciences et en études sociales.

D’autres études déjà avaient démontrés comment le stress, l’angoisse et la manque de concentration interfèrent et altèrent le processus de mémorisation et comment bhramari pranayama permet d’en réduire les effets en procurant du calme et en augmentant la consommation d’oxygène dans le cerveau (Effects of Bhramari Pranayama on health – A systematic review)

Durant 7 jours, 65 élèves de 14 à 15 ans, en difficultés scolaires, se sont prêtés à cette expérience. Les résultats révèlent que le groupe d’adolescents souffrant de déficit d’attention a nettement amélioré sa performance ainsi que sa vigilance suite à la pratique de bhramari pranayama.

Texte tiré en partie de https://blog.green-yoga.fr/brahmari-pranayama-technique-bourdon/

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