La rose et l’amour

La rose et l'amour (Le Petit Prince) 1

– Je t’aime, dit le Petit Prince.

– Moi aussi, je te veux, dit la rose.

– Ce n’est pas pareil, répondit le Petit Prince. Vouloir, c’est prendre possession de quelque chose, de quelqu’un. C’est chercher chez les autres ce qui peut remplir nos besoins personnels d’affection, de compagnie… Vouloir, c’est chercher à faire nôtre ce qui ne nous appartient pas, c’est s’approprier ou désirer quelque chose pour nous combler, parce qu’à un moment donné, quelque chose nous manque.

Aimer, c’est désirer le meilleur pour l’autre, même s’il a des aspirations différentes des nôtres.

Aimer, c’est permettre à l’autre d’être heureux, même si son chemin est différent du mien. C’est un sentiment désintéressé qui naît d’un don de soi, c’est se donner entièrement à partir de notre cœur.

Quand on aime, on donne sans rien demander en échange, pour le simple et pur plaisir de donner. Mais il est aussi certain que ce don, ce don de soi, complètement désintéressé, ne se fait que quand on connaît.

Nous ne pouvons aimer que ce que nous connaissons, parce qu’aimer veut dire se jeter dans le vide, faire confiance à la vie et à l’âme.

L’âme ne s’achète ni se vend. Et connaître, c’est justement tout savoir de toi, de tes joies, de ta paix, mais aussi de tes contrariétés, de tes luttes, de tes erreurs.

Parce que l’amour transcende les disputes, la lutte et les erreurs, l’amour, ce n’est pas uniquement pour les moments de joie.

Aimer, c’est la confiance absolue que, quoi qu’il se passe, tu seras toujours là. Non parce que tu me dois quelque chose, non par possession égoïste, mais juste être là, en compagnie silencieuse.

Aimer, c’est savoir que le temps n’y changera rien, ni les tempêtes, ni mes hivers.

Aimer, c’est donner à l’autre une place dans mon cœur pour qu’il y reste comme un père, une mère, un fils, un ami, et savoir que dans son cœur à lui, il y a une place pour moi.

Donner de l’amour ne vide pas l’amour, au contraire, il l’augmente.

La manière de donner autant d’amour, c’est d’ouvrir son cœur et de se laisser aimer.

– J’ai compris, dit la rose.

Ne cherche pas à comprendre l’amour. Vis-le, dit le Petit Prince.

Texte dont je ne connais pas encore l’auteur, inspiré de l’œuvre d’Antoine de St-Exupéry

Spiritualité

Bonjour,

S’il est aujourd’hui facile de la distinguer de la religion, peut-être faudrait-il définir ou préciser ce qu’est la “spiritualité“.

J’ai aimé lire un jour chez T. Janssen que “La religion divise et la spiritualité rassemble“. J’ai été surpris de lire cette même phrase dans les propos de F. Mitterrand, propos reportés par Marie de Hennezel dans son ouvrage “Croire aux forces de l’esprit”. Surpris car cette phrase identique a été prononcée avant l’édition du livre de Janssen, mais publiée quelques années après. Mais ce fût somme toute une agréable surprise.

Si je n’étais pas et ne suis toujours pas pro-Mitterrand, si T. Janssen me déçoit avec le partage de selfies en train de méditer devant des pyramides d’Egypte sur les réseaux sociaux (je lui en ai parlé ; il est simplement humain ;-)), je crois que la spiritualité est essentiellement liée à la vie, qu’elle peut se croiser au fil de nombreux ouvrages, auteurs et personnes, même si elles ne sont pas exemplaires, même si le propos n’est pas celui ci.

La spiritualité me fait penser au sacré.

La vie et la nature sont sacrées à mes yeux, malgré ces parts d’ombres qui peuvent nous traverser et nous tirer vers d’autres horizons…
La spiritualité se manifeste dans l’Amour, s’illumine dans l’Art et est souligné par le Beau…
La spiritualité me relie à la notion de “numineux”, dont la paternité est attribuée souvent à tort à Carl Gustav Jung (1). Il est ce saisissement, cet effroi soudain face à la perception d’un “objet existant en dehors de soi (…) où l’âme se tourne d’elle-même vers cet objet…” C’est cette expérience dont parle probablement E. Tolle.
Faute de mots, il était admis pour beaucoup de désigner par “Dieu” cet “objet”.

Mais encore une fois, il me semble que la spiritualité est le lien avec ce sacré qui est en nous, ce mystère que nous projetons en des noms divers et représentations variées souvent colorés d’anthropomorphisme infantile et/ou rassurant (désolé si je choque par ces raccourcis…)

Qu’est-ce qui différencie la matière qui nous constitue de l’être que nous sommes ?

C’est peut-être ce souffle de vie (comme nous le rappelle l’étymologie de “Âme”), cette force intégrative au-delà de notre conscience elle-même. Cette énergie qui se développe au long de la phylogenèse sur notre planète, et de notre propre ontogenèse. Ces éléments me sont “soufflés” par mon expérience autour des Relaxations Dynamiques du 5e au 8e degré, pour rendre à A. Caycedo (2) le fruit de ses recherches sur la conscience, et de mes pratiques initiées depuis mon enfance, renforcées à l’âge adulte…

Nous voyons ainsi que la spiritualité, à mes yeux, dépasse bien sûr le rationnel, le cognitif. Il me semble qu’effectivement certaines expériences de vie l’invitent en nous. Le sentiment de finitude, l’écoute de la vie en nous y contribue. Cette invitation à cette Présence ne nécessite pas d’être un mystique. Du moins il me semble important de rester parmi les vivants 😉
Je crois qu’il reste toutefois important de s’offrir des temps et des lieux pour la contacter. C’est en filigrane ce que propose E. Tolle.

C’est surtout à chacun d’être sceptique mais rester ouvert, d’éprouver, rencontrer et expérimenter, de découvrir et peut-être partager…

Voilà, je pensais n’écrire que quelques lignes, je me suis laissé emporté par le jeu qui s’offrait autour du langage qui nous relie…

Belles découvertes !

(1) Ce terme a été proposé par Rudolf OTTO (1889-1937), l’un des maîtres de la pensée religieuse du XXe siècle. Il est décrit dans son ouvrage “Le sacré”
(2) A. CAYCEDO (1932-2017) est le créateur de la sophrologie. Si j’ai beaucoup apprécié de le rencontrer, de suivre certains de ses cours et d’échanger brièvement, je reste critique quant à certaines de ses positions et propos. Je l’ai évoqué dans le livre “Découvrir la Sophrologie”.

Le pouvoir du sourire

Le sourire constitue l’une des premières marques du lien social, dès notre naissance. Acte réflexe, marque de personnalité, compétence relationnelle, sont autant de dimensions qui donnent au sourire son caractère central dans notre développement individuel autant que dans nos rôles sociaux.

Sourire

Le sourire est un outil d’influence sur soi-même (mon cerveau perçoit quand je souris) et sur les autres. Le sourire est contagieux. Associé à la compétence, il accroît la crédibilité ; appuyé sur de la bienveillance, il crée de l’engagement, voire de la coopération et de l’entraide.

Le sourire est une des plus belles monnaies d’échange de l’humanité : avec un sourire on peut obtenir de l’aide, de la considération, une opportunité, déclencher une demande ou favoriser une rencontre.

Sourire, en particulier face aux difficultés, c’est se préparer et préparer les autres à agir, c’est affirmer sa confiance a priori dans les forces de chacun et dans la capacité de tous à recréer les conditions du sourire collectif. C’est faire acte d’espoir. C’est faire acte de confiance. C’est faire acte d’optimisme.

Philippe Gabilliet

Vos enfants ne sont pas vos enfants

Parlez-nous des enfants

Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des enfants.

Et il dit :

Vos enfants ne sont pas vos enfants.

Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même,

Ils viennent à travers vous mais non de vous.

Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.

Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,

Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.

Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.

Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.

Vous êtes les arcs par qui vos enfants,
comme des flèches vivantes, sont projetés.

L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini,
et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.

Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ;

Car de même qu’Il aime la flèche qui vole,
Il aime l’arc qui est stable.

Livre Le Prophète

Khalil Gibran – Des Enfants
Extrait du recueil Le Prophète
Littérature arabe, poésie en prose

Parabole de la flèche empoisonnée

Arc

La compréhension et la connaissance sont-elles suffisantes au changement ?
Le questionnement et la réflexion autour de la source de la souffrance  actuelle sont-ils prioritaires pour la guérison ?

S’il reste important de réaliser une analyse fonctionnelle des difficultés actuelles, cette parabole – attribuée au Bouddha – nous donne une réponse cohérente avec l’approche privilégiée en Thérapie Comportementale et Cognitive étayée par des études récentes autour des traumatismes psychologiques.

C’est tout comme si, ô Malunkyaputta, un homme ayant été blessé par une flèche fortement empoisonnée, ses amis et parents amenaient un médecin chirurgien, et que l’homme blessé dirait :

« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir qui m’a blessé : si c’est un ksatriya, ou un brahmane, ou un vaisya, ou un sudra ? »

Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir qui m’a blessé :
Quel est son nom ?
Quelle est sa famille? »

Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir qui m’a blessé : s’il est grand, petit ou de taille moyenne. »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir la couleur de l’homme qui m’a blessé : s’il est noir, ou brun, ou de couleur d’or ? »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir d’où vient cet homme qui m’a blessé :
De quel village, ou de quelle ville, ou de quelle cité ? »

Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir avec quelle sorte d’arc on a tiré sur moi :
Était-ce une arbalète ou un autre arc? »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir quelle sorte de corde a été employée sur l’arc :
Était-elle en coton ou en roseau, en tendon, en chanvre ou en écorce ? »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir de quelle manière était faite la pointe de la flèche :
Était-elle en fer ou d’une autre matière ? »

Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir quelles plumes ont été employées pour la flèche :
Etaient-ce des plumes de vautour, de héron, de paon ou d’un autre oiseau ? »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir avec quelle sorte de tendon la flèche a été enfermée :
Avec des tendons de vache, ou de bœuf, ou de cerf, ou de singe ? »
Puis il dirait :
« Je ne laisserai pas retirer cette flèche avant de savoir si c’était une flèche ordinaire ou une autre sorte de flèche ? »

O Malunkyaputta, cet homme mourrait sans le savoir.

Ne perds pas ton temps à comprendre d’où vient la flèche, à analyser qui l’a lancée. Retire-là !

Bouddha

Source: Cūḷa Māluṅkya Sutta — Le court discours à Māluṅkya

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