L’efficacité en combat de rue : au-delà de l’art martial

Il est très fréquent, pour un pratiquant, de croire que son art martial ou son sport de combat est le plus efficace dans une situation de combat de rue.

Cette conviction peut être rassurante et motivante, mais elle repose souvent sur une vision idéalisée de l’art et une sous-estimation des défis imprévisibles du monde réel.

Un combat de rue est radicalement différent d’un entraînement ou d’une compétition.

Il n’y a pas de règles, pas d’arbitre, pas de tapis de sol, et des facteurs comme la surprise, l’environnement (sol dur, obstacles), les armes, et la présence de plusieurs agresseurs peuvent rendre une technique théoriquement efficace complètement inadaptée.

Le biais de confirmation : un raccourci mental puissant

Un biais cognitif est un raccourci mental qui nous pousse à prendre des décisions irrationnelles ou à tirer des conclusions hâtives. Dans ce cas précis, le biais principal est le biais de confirmation.

Le biais de confirmation est la tendance à rechercher, interpréter, et favoriser les informations qui confirment nos propres croyances ou hypothèses. En même temps, nous avons tendance à ignorer ou à minimiser les preuves qui contredisent nos croyances.

Comment cela se manifeste-t-il chez les pratiquants ?

  • Le pratiquant de MMA* va se souvenir des vidéos où les combattants dominent facilement leurs adversaires dans une bagarre de rue, mais oubliera les cas où les techniques de ground-and-pound ne sont pas adaptées.
  • Celui de JJB* se concentrera sur l’efficacité des étranglements et des clés articulaires, ignorant que tenter une amenée au sol sur du béton face à plusieurs adversaires peut être extrêmement dangereux.
  • Le pratiquant de Krav Maga* se focalisera sur les techniques « réalistes » de self-défense, tout en ignorant le fait que ces techniques ne sont parfois pas assez entraînées sous stress pour être utilisées de manière instinctive, voire être désarçonné en recevant un coup violent.
  • Le Boxeur se concentrera sur la puissance et l’efficacité de ses coups de poing, mais minimisera le risque de coups de pied, d’un takedown (mise au sol) ou d’une saisie de la part d’un adversaire.
  • Le Karatéka pensera à la rapidité et à la précision de ses coups, tout en ignorant que la plupart des techniques sont enseignées avec un partenaire coopératif (sans arme) et pas toujours adaptées à une situation où l’adversaire n’est pas fair-play.
  • Etc.

Le cerveau filtre activement les informations pour valider l’investissement en temps et en effort que l’individu a mis dans son art martial.

Autres biais potentiels :

Bien que le biais de confirmation soit le plus pertinent, d’autres biais peuvent entrer en jeu :

L’effet Dunning-Kruger :

Avec ce biais cognitif, les personnes les moins qualifiées dans un domaine surestiment leurs compétences, tandis que les plus qualifiées ont tendance à les sous-estimer. Il est, par ailleurs, très présent sur les réseaux sociaux ainsi que le biais de confirmation.

Chez le débutant, il y a une tendance à surestimer ses propres compétences et à se croire plus efficace qu’il ne l’est réellement, car l’individu n’a pas encore le niveau de connaissance nécessaire pour reconnaître ses propres lacunes.

Le biais endogroupe (in-group bias) :

Une préférence pour les membres de son propre groupe (dans ce cas, les autres pratiquants de son art martial). Cela peut mener à la conviction que son art martial est naturellement supérieur aux autres.

L’efficacité réelle : l’importance du pratiquant

En fin de compte, l’efficacité dans une situation de danger ne dépend pas tant de l’art martial lui-même que de l’individu qui le pratique. Ce qui est probablement le plus important, c’est  :

  • La capacité à rester calme sous une pression extrême.
  • L’entraînement pour désamorcer les situations avant qu’elles ne deviennent physiques.
  • La qualité et pertinence des enseignements reçus.
  • L’entraînement à haute intensité avec des situations et partenaires variés, pour gérer le stress et la fatigue.
  • L’adaptabilité et la créativité pour improviser.

Le « meilleur » art martial est celui qui vous donne, pour ces situations extrêmes, les outils pour survivre et vous aide à développer l’humilité et la conscience de soi.

La meilleure défense dans la rue reste avant tout l’évitement. L’objectif principal est d’éviter toute confrontation physique si possible. Cela peut passer par la fuite, la désescalade verbale, ou l’utilisation de techniques de soumission pour se dégager et s’échapper. L’usage de la force physique doit toujours rester le dernier recours.

L’objectif est de se mettre en sécurité, pas de neutraliser l’agresseur de manière disproportionnée.

Pour aller plus loin sur ce dernier aspect, voir l’article 122-5 du Code Pénal : La Légitime Défense


*JJB : Jiu-Jitsu Brésilien, art martial brésilien se concentrant sur le grappling (lutte) et le combat au sol avec des racines dans le judo et le jiu-jitsu japonais

*MMA : Arts Martiaux Mixtes, sport de combat qui combine des techniques issues de diverses disciplines, incluant la frappe (boxe, kickboxing) et la lutte (JJB, judo, lutte)

*Krav-Maga : système d’autodéfense militaire avec adaptation pour le civil, qui utilise des mouvements instinctifs pour neutraliser rapidement une menace. Son but est de répondre efficacement et simplement à des situations de danger réelles.

Pourquoi ne pas hiérarchiser les émotions

👉 Les 4️⃣ émotions de base : pourquoi il ne faut pas les hiérarchiser ⚖️.

🤔 Plutôt dans la joie 😄 ou dans l’évitement de la tristesse 😥 ?

Pourquoi il ne faut pas « classer » les émotions comme « bonnes » ou « mauvaises » ?

🧠 Les #neurosciences nous montrent que la peur, la colère, la joie et la tristesse ont toutes un rôle fonctionnel, ancré dans notre évolution 📈.

💡 Selon Antonio DAMASIO (1999), chaque émotion déclenche un « marqueur somatique » qui guide nos décisions, même inconsciemment.

Par exemple : la peur 😨 favorise l’évitement, la colère 😠 mobilise pour défendre une intégrité, la tristesse 😥 pousse au repli protecteur, la joie 😄 renforce les liens et les apprentissages.

🔬 Des travaux récents (SAARIMÄKI et al., 2016) ont montré que ces émotions activent des patterns corporels distincts, observables dans plusieurs cultures 🌍. Preuve qu’elles sont à la fois universelles 🌐 et nécessaires.

🇫🇷 Et en France, dans nos contextes scolaires 🏫 ou professionnels 💼, combien d’enfants et d’adultes sont encore sanctionnés pour avoir manifesté… une émotion pourtant normale et régulatrice ? 🤷‍♀️

🎯 L’objectif est de les reconnaître 👀, de les nommer 🗣️ et de comprendre leur message 💬. C’est aussi une compétence clé dans les troubles du neurodéveloppement.

Texte et infographie de Fabrice PASTOR 

Le temps, une illusion cérébrale ? Comment notre cerveau perçoit les secondes qui filent

La recherche sur la perception du temps révèle que notre « temps psychologique » ne coïncide pas parfaitement avec le « temps physique », bien qu’il ne soit pas totalement déconnecté. Le projet CHRONOLOGY vise à comprendre comment le cerveau construit une cartographie du temps, posant l’hypothèse que ces mécanismes neuronaux sont communs à différentes espèces.

Des études récentes ont identifié des « neurones temporels » dans le cerveau humain, notamment dans l’hippocampe, essentiels à la mémoire épisodique et à l’organisation temporelle des souvenirs. Ces découvertes suggèrent l’existence d’un système cérébral stable pour représenter le temps, permettant de se projeter dans le passé et le futur et de prendre des décisions. La perception du temps est également influencée par des facteurs émotionnels et physiologiques, le danger ou les émotions intenses pouvant dilater le temps perçu.

Pour aller plus loin : https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/neurosciences/cerveau-comment-ressentons-nous-le-temps/

Évitement et anxiété

Évitement expérientiel et anxiété : un piège contre-productif… 😬

Vous fuyez ce qui vous stresse ? 🏃‍♂️💨
En général, c’est commun. L’évitement expérientiel, c’est ce réflexe de contourner ce qui génère un malaise : #émotions intenses 😣, pensées inconfortables 🤯 ou encore souvenirs douloureux… 😢

Le problème, c’est qu’en évitant, on renforce l’anxiété. Alors à court terme, on respire un peu 😮‍💨, mais à long terme, on s’essouffle. Les études sont claires :

« L’évitement émotionnel est associé à une intensification des symptômes anxieux et dépressifs » (Kashdan et al., 2006). 📚

Donc plus on évite, plus le #cerveau 🧠 interprète la situation comme étant dangereuse ⚠️.

Un cercle vicieux s’installe, où les comportements d’évitement (procrastination, distraction, etc.) entretiennent l’angoisse plutôt que de l’apaiser. 🔄

  • Et cela concerne de nombreux troubles : phobie sociale, PTSD, #TDAH, TOC… Une méta-analyse (Chawla & Ostafin, 2007) montre que l’acceptation émotionnelle diminue significativement les troubles anxieux. ✅

Accompagner les personnes à identifier leurs mécanismes d’évitement peut ouvrir la voie à une prise en charge plus efficace. C’est un levier puissant en thérapie d’acceptation et d’engagement (#ACT), très utilisé aujourd’hui en France. 🇫🇷

Texte de Fabrice Pastor,
Infographie réalisée par @Igor Thiriez

Pascal GAUTIER,
psychologue ACT,
Près de Dinan (22) et à distance

Le piège de l'évitement face à l'anxiété...

Biais cognitifs au travail : comment ils influencent vos décisions et relations professionnelles

Les biens cognitifs au travail🧠Des biais cognitifs… au travail !

Vous pensez que tout est rationnel? Vous pensez que vous contrôlez tout ? Vous croyez être toujours objectif et rationnel ?

Eh bien non… dans votre travail (comme ailleurs), notre cerveau a des raccourcis mentaux… alias les biais cognitifs.

Le problème, c’est que ces biais influencent nos décisions, nos jugements, nos évaluations, parfois même sans qu’on s’en rende compte.

Par exemple :

On fait trop confiance aux machines (biais d’automatisation),

On croit qu’on va forcément mieux gérer que les autres (biais d’optimisme),

On ne voit que ce qui confirme ce qu’on pense déjà (biais de confirmation),

Et bien sûr… on juge les autres plus durement que nous-mêmes (erreur d’attribution fondamentale).

Ces raccourcis sont naturels, mais ils ne sont pas toujours neutres. Dans un contexte pro, ils peuvent affecter le recrutement, la collaboration, la gestion des conflits ou encore l’innovation !

Infographie réalisée par Lauriane Maheu, texte de Fabrice Pastor

Comment Améliorer Sa Concentration : Au-delà de la Volonté

Augmenter l'attention

🧠 Comment améliorer sa concentration ? (et non, ce n’est pas qu’une question de volonté)

On a tous connu ça: ouvrir son ordi pour travailler… et se retrouver à googler les derniers potins sur le dernier film Deadpool 3 minutes plus tard.

La concentration, ce n’est pas une compétence magique, c’est un équilibre entre attention, motivation et gestion cognitive…

Des recherches en neurosciences montrent que l’attention soutenue dépend fortement de notre capacité à réduire la charge cognitive inutile et à maintenir une motivation intrinsèque suffisante (Deci & Ryan, 2000).

Et plus votre cerveau jongle entre les distractions, moins il encode l’information de façon efficace (Ophir et al., 2009).

En France, les dispositifs d’accompagnement scolaire ou professionnel sous-estiment encore trop souvent l’impact de l’environnement sensoriel et l’absence de routines structurées sur la concentration, notamment pour les personnes porteuses de TDAH.

Alors non, ce n’est pas qu’un « manque de volonté ». C’est souvent un manque de stratégie cognitive… et cette infographie en propose quelques-unes, efficaces et validées.

Infographie réalisée par Mylin, texte de Fabrice Pastor

Institut IRLES Audrey Durand Pascal Barbecanne

Prendre RDV

Soi contextuel et vagues émotionnelles

Voilier en mer« Le jour où votre mère meurt, vous souffrez. Si quelqu’un vient vous voir pour exprimer sa tristesse et vous offrir son amitié, son soutien et une main chaleureuse, cela vous réconforte.

C’est le monde des vagues. Il se caractérise par la naissance et la mort, les hauts et les bas, l’être et le non être. La vague à un début et une fin.

Ce n’est pas le cas de l’eau.

Dans le monde de l’eau, il n’y a ni naissance, ni mort, ni être ni non être, ni début ni fin. Quand nous touchons l’eau, nous touchons la réalité dans sa dimension ultime et nous nous libérons de tous ces concepts. »

Thich Nhat Hanh (1994), La plénitude de l’instant, vivre en pleine conscience.

La citation de Thich Nhat Hanh illustre en partie de façon poétique une distinction centrale de la thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT) : celle entre le soi contenu et le soi contextuel.

Dans cette perspective, les vagues représentent nos expériences immédiates – pensées, émotions, souvenirs, douleurs ou joies – qui apparaissent et disparaissent au fil du temps. C’est ce que l’ACT appelle le « soi comme contenu », c’est-à-dire l’ensemble des histoires que nous nous racontons sur nous-mêmes et sur notre vie, et qui peuvent parfois nous submerger ou nous enfermer.

En revanche, l’eau symbolise le « soi comme contexte », cette part de nous qui observe, accueille et contient toutes ces vagues sans jamais être réduite à aucune d’elles. L’eau ne disparaît pas lorsque la vague retombe ; elle reste présente, inchangée, quelle que soit la forme ou l’intensité des vagues qui la traversent. Dans la pratique de l’ACT, apprendre à se connecter à ce « soi contextuel », c’est découvrir en soi un espace d’accueil et de stabilité, qui permet de traverser les tempêtes émotionnelles sans s’y perdre complètement.

En simplifiant, disons que l’ACT nous invite notamment à reconnaître que nous ne sommes pas uniquement nos pensées ou nos émotions, mais aussi la conscience qui peut les observer. Cela ouvre la possibilité de vivre avec plus de liberté et de souplesse, en n’étant plus prisonnier de nos vagues intérieures, mais en apprenant à naviguer sur l’océan de notre expérience humaine.

Thich Nhat Hanh souligne toutefois dans ce texte une dimension spirituelle qui dépasse l’expérience individuelle. Cela est clarifié dans le chapitre d’où est issu ce court extrait.

Pascal, avril 2025

Syndrome de l’imposteur

Syndrome de l'imposteur

Le syndrome de l’imposteur est un phénomène psychologique où une personne doute de sa légitimité et attribue ses succès à la chance plutôt qu’à ses compétences.

Ce sentiment, théorisé par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes en 1978, touche environ 70% des individus au moins une fois dans leur vie. Il peut entraîner anxiété, burnout et dépression.

👉 Comment surmonter le syndrome de l’imposteur

✔️ 1. Identifier le syndrome : Reconnaître les signes et comprendre son fonctionnement personnel.

✔️ 2. Mettre à distance : Utiliser l’imagination pour externaliser et nommer les pensées négatives.

✔️ 3. Changer de perspective : Confronter les pensées négatives avec des preuves de ses compétences réelles.

✔️ 4. Chercher du soutien : Consulter un psychologue pour travailler sur l’estime de soi et les causes profondes.

Pascal GAUTIER

  • Infographie complète réalisée par Chrystèle Lim, à partir d’un texte de Fabrice Pastor

Comprendre l’Imago : Influence des Figures Parentales sur nos Relations

interelationsSelon Carl Gustav Jung, l’imago est une représentation inconsciente d’une figure importante, généralement parentale, qui influence la perception et les relations d’un individu tout au long de sa vie.

Elle intègre les projections, les fantasmes et les expériences émotionnelles de l’enfant vis-à-vis de ses figures parentales.

Pour Jung, travailler sur les imagos en thérapie permet de prendre conscience de ces modèles inconscients, de « déconstruire » ces représentations pour mieux appréhender son fonctionnement intérieur et avoir des relations plus authentiques avec les autres.

Des exemples concrets d’imago dans la vie quotidienne incluent :

1. Relations de couple :

Les partenaires peuvent projeter sur l’autre des attentes et des comportements basés sur leurs imagos parentales, influençant ainsi leur dynamique relationnelle.

2. Interactions professionnelles :

Un employé peut percevoir son supérieur comme une figure parentale, ce qui peut affecter sa manière de recevoir des critiques ou des éloges.

3. Éducation des enfants :

Les parents peuvent inconsciemment reproduire les comportements de leurs propres parents, influencés par leurs imagos, dans la manière dont ils élèvent leurs enfants.

4. Thérapie et coaching :

La méthode Imago est utilisée pour aider les individus à comprendre et à déconstruire ces images psychiques pour améliorer leurs relations et leur développement personnel.

Voici quelques exercices pratiques à faire seul pour travailler sur son imago :

1. Questions introspectives :

Posez-vous des questions pour explorer vos besoins et émotions :

– « Ce que j’aime faire c’est… »     

– « Ce dont j’ai besoin c’est… » 

– « Ce qui m’angoisse c’est… »

– « Ce qui m’aide à apaiser mon angoisse c’est… »

– « Après cette période, ce que j’aimerais qui ait changé en moi c’est… »

– « Et le résultat dans ma vie, ce sera… ».

2. Journal de bord :

Tenez un journal où vous notez vos réflexions quotidiennes sur vos interactions et vos réactions émotionnelles.

3. Imagerie mentale :

Pratiquez des exercices d’imagerie mentale (souvent facilitée par la visualisation mentale) pour imaginer des interactions idéales et observer comment vous vous sentez dans ces scénarios.

4. Méditation :

Utilisez la méditation pour vous connecter à vos émotions profondes. Apprendre à les accueillir avec gentillesse. Identifier les schémas relationnels inconscients.

L’aide d’un psychothérapeute est souvent facilitateur et source de plus de changements positifs.

Références

1. Imago (psychanalyse) – Wikipédia. [Lien](https://fr.wikipedia.org/wiki/Imago_%28psychanalyse%29)
2. Imago – Le Carnet Psy. [Lien](https://carnetpsy.fr/imago/)
3. Soi et imago: instance psychique, structure psychologique de l… [Lien](http://psychiatriinfirmiere.free.fr/definition/instances/soi_imago.htm)
4. Jung et le phénomène religieux | Cairn.info. [Lien](https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2003-3-page-49.htm)
5. Imago ou la construction des images psychiques – Autour de Carl. [Lien](https://carl-gustav-jung.blogspot.com/2014/12/imago-ou-la-construction-des-images.html)
6. Quelques idées et exercices selon la méthode Imago pour bien vivre le confinement. [Lien](https://marion-malaussena-drosson.com/podcasts/quelques-idees-et-exercices-selon-la-methode-imago-pour-bien-vivre-le-confinement/)
7. Apprenez à manager vos équipes avec la méthode Imago. [Lien](https://www.businessofeminin.com/apprenez-a-manager-vos-equipes-avec-la-methode-imago/)
8. Stage de couples IMAGO. Transformer les conflits – YouTube. [Lien](https://www.youtube.com/watch?v=0erWFU2NZxg)
9. 44 Claude Parisot : Vivre l’amour grâce à la thérapie Imago – YouTube. [Lien](https://www.youtube.com/watch?v=4xb7t1pWWj0)

Discours intérieur…

D’où vient notre petite voix intérieure ?

Elle nous parle quand on prépare le repas, quand on passe un entretien d’embauche ou lorsque, fatigué, on se demande si l’on ne peut pas annuler une soirée prévue depuis longtemps.

Elle, c’est cette petite voix intérieure qui nous accompagne au quotidien pour nous encourager, nous consoler, nous aider à prendre des décisions.

homme assis mains sur tête

La recherche a longtemps eu du mal à l’analyser. Pas simple de décrypter un discours intérieur, par essence privé.

Pendant des décennies, Russell Hurlburt, psychologue à l’université du Nevada, à Las Vegas, a équipé des volontaires d’un bipeur sonnant au hasard. Lorsque les participants l’entendaient, ils notaient le fil de leurs pensées dans les secondes précédentes.

« Selon ces travaux, on se parle à soi-même en silence 23 % du temps éveillé », explique Charles Fernyhough, professeur de psychologie au Royaume-Uni et auteur du Dialogue intérieur (éd. Albin Michel, 2021). Une moyenne qui cache de grandes disparités : ce taux peut atteindre 94 %, alors que certains ne soliloquent presque jamais. Si la pensée passe le plus souvent par le langage, donc la voix intérieure, elle peut aussi s’appuyer sur des images.

Dans sa tête, on peut prendre un accent ou imiter une voix

Cette petite voix ne se manifeste pas toujours de la même façon.

Chez certains, elle commente les faits et gestes, chez d’autres elle peut emprunter le timbre de proches ou même de personnes célèbres. Ces bavardages dépendent aussi des cultures. Dans une étude menée à l’université Stanford en 2002, des volontaires devaient résoudre un problème mathématique, en commentant à voix haute leur raisonnement.

« Or les Américains d’origine asiatique, sans doute pas habitués à verbaliser la tâche, étaient moins performants que les autres Américains. Cette étape supplémentaire les freinait », souligne Hélène Loevenbruck, chargée de recherche CNRS au laboratoire Psychologie et neurocognition de l’université Grenoble III (Isère). « Nous ne savons pas exactement pourquoi, peut-être parce que dans les cultures occidentales le langage revêt une grande importance. »

Si les expériences mentales diffèrent, les chercheurs ont déterminé des traits communs.

« Il existe deux sortes de langage intérieur, explique Hélène Loevenbruck.

L’un est délibéré, par exemple “il faut que j’aille faire mes courses” ;

l’autre est plus spontané : il s’agit d’un vagabondage mental qui survient à tout moment, quand on travaille, se promène, écoute une conférence… »

Le discours intérieur, plus condensé que le langage parlé, se contente parfois de simples bribes ou de mots tronqués. Pourquoi se donner la peine de faire des phrases complètes alors que cette parole ne s’adresse qu’à nous ? Ainsi « je dois aller chercher le pain » devient « le pain ».

Selon les mesures du psychologue Rodney Korba, le débit atteint 4 000 mots par minute (contre 200 lors d’une conversation à voix haute).

Cette parole intérieure a toutes les apparences d’un langage parlé.

« Les recherches en imagerie montrent que pendant que nous lisons un texte en silence, les aires auditives du cerveau s’activent : nous entendons bien cette voix dans notre tête », souligne Hélène Loevenbruck. Dans notre discours intérieur, nous pouvons prendre un accent, donner des intonations et même faire des lapsus. Essayez de répéter intérieurement « Il fait si chaud chez ce cher Serge. » Comme à voix haute, votre langue risque de fourcher, signe d’une pensée verbalisée.

Plus étonnant encore, les chercheurs du laboratoire de Grenoble ont placé des capteurs électromiographiques près de la bouche de volontaires et ont mesuré les mouvements des muscles oro-faciaux : c’est presque imperceptible, mais nos lèvres bougent pendant nos conciliabules intérieurs. À tel point qu’en cas de ruminations, la relaxation de cette zone permet d’affaiblir leurs effets (sans pour autant agir sur leur cause) !

Que peut bien nous apporter ce moulin à paroles mental, qui s’installe très tôt ?

Les bébés développent une pensée verbalisée dès l’âge de 21 mois, avant même de parler ! « Ensuite, les enfants pensent souvent à voix haute, pendant qu’ils jouent, puis intègrent vers 7 ans les inhibitions sociales liées au fait de parler tout seul », souligne Hélène Loevenbruck. Comme l’a montré le psychologue biélorusse Lev Vygotski, les conversations avec les parents alimentent les discours à voix haute des bambins. Les enfants intègrent ces dialogues dans un discours privé puis silencieux, afin de parfaire leur langage et de réguler leurs émotions. « Les enfants élevés dans des familles aux habitudes de communication fécondes développent plus tôt cette composante de discours intérieur », commente le psychologue américain Ethan Kross dans À l’écoute de ma voix (éd. Kero, 2021).

En cas d’acte peu moral, ce discours nous aide à nous justifier

À l’âge adulte, ce discours intérieur nous épaule pour préparer une conversation. Il soutient notre pensée, par exemple pour mémoriser un numéro de téléphone ou résoudre des problèmes. Il nous aide à nous évaluer quand nous visons un objectif (demander une augmentation au travail), en nous rappelant sans cesse notre progression. En nous poussant à procéder à des simulations mentales, ce remue-méninges nous fait gagner du temps : par exemple en affinant une présentation, nous explorons les différentes voies possibles, sans avoir à les formaliser. « Ce langage permet aussi de se forger une conscience de soi, ajoute Hélène Loevenbruck. On se raconte des choses sur nous-mêmes, nos souvenirs, nos projets, ce qui crée un fil rouge de l’existence. » Pour l’anthropologue et psychologue à l’institut de recherche Marcel-Mauss (EHESSCNRS) Victor Rosenthal, auteur de Quelqu’un à qui parler (éd. PUF, 2019), cette voix intérieure sert d’instance morale. « Face à une lâcheté ou à un acte peu moral que nous nous apprêtons à commettre ou que nous avons commis, elle nous aide à peser le pour et le contre mais aussi à nous trouver des excuses, à nous justifier à nos propres yeux : “Après tout cette personne l’a bien cherché !” »

Il arrive souvent que notre petite voix mette en scène des dialogues entre différents protagonistes. Or, selon les recherches de Charles Fernyhough, le dialogue ne mobilise pas les mêmes zones du cerveau que le monologue.

« Un dialogue fait appel aux zones classiques intervenant chez une personne en train de parler, mais aussi à celles impliquées dans la cognition sociale, c’est-à-dire celles qui aident à prendre en compte le point de vue des autres. » Une découverte qui met en lumière le rôle de ces dialogues dans nos relations avec l’entourage.

Quand un rugbyman s’encourage, il saute plus haut

« Allez, secoue-toi, tu vas y arriver ! » Nous nous sommes presque tous murmurés ce genre de phrase motivante avant de passer un entretien d’embauche, de réaliser un défi sportif ou de déclarer notre flamme… Des encouragements qui donneraient un coup de pouce pour se dépasser, notamment dans le sport.

Par exemple, dans une étude de 2008 menée à l’université de Worcester (Royaume-Uni), 24 joueurs de rugby devaient sauter le plus haut possible. Vingt secondes avant, ils se motivaient silencieusement (« je peux monter plus haut ! »), se donnaient des instructions (« Plie bien les jambes ! ») ou encore s’abstenaient de penser. Résultat, ceux qui s’auto-encourageaient sautaient plus haut. Mais ces exhortations sont à double tranchant. Ainsi, Ethan Kross a demandé à des volontaires de convaincre des experts qu’ils correspondaient au profil d’un poste prestigieux après une rapide préparation. Les uns se motivaient sur le mode « il faut que j’y arrive », les autres en utilisant le tutoiement ou leur prénom (« Julien, cela va bien se passer »). Or ceux n’utilisant pas le « je » s’en sortaient mieux et ressassaient moins après coup… « En évitant la première personne du singulier, ils établissaient une distance leur permettant de mieux affronter les émotions comme le trac », souligne Charles Fernyhough dans son livre.

Attention à ne pas ruminer, sous peine de déprimer

Fatigue

Si nos petites voix sont le plus souvent des alliées, elles peuvent dériver en ruminations, voire en anxiété et dépression. La méditation ou des thérapies comportementales peuvent alors aider à prendre de la distance avec ces pensées ressassées, et à reprendre le contrôle. Enfin, certaines personnes entendent des voix qu’elles perçoivent comme extérieures. Comment l’expliquer ? « Quand voulez prononcer le son “i”, le cerveau envoie une commande motrice pour que la langue et les lèvres se positionnent, explique Hélène Loevenbruck. Il met aussi en place un système de prédiction afin de s’assurer que le son émis sera conforme au son planifié. En plus de rendre notre parole fluide, ce système permet de savoir que nous sommes bien celui ou celle en train de parler. Lorsque l’on veut dire “i” dans sa tête, on déroule le même mécanisme, sauf que l’exécution motrice est inhibée. La sensation de voix résulte du simulateur interne qui génère un son prédit. Les signaux prédits et planifiés correspondent et l’on sait que le “i” que l’on entend dans notre tête a bien été produit par nous-même. Mais parfois ce système dysfonctionne, les signaux prédits et planifiés sont désynchronisés et les voix paraissent venir d’ailleurs. » C’est un symptôme courant de la schizophrénie, mais ces hallucinations touchent aussi des personnes ne souffrant pas de troubles psychiques.

Les entendeurs de voix ont longtemps lutté contre elles. Désormais, ils tentent d’apprendre à vivre en harmonie avec elles. Car, qu’elles soient uniques ou multiples, les voix intérieures sont partie intégrante de nous.

C’est l’une des compétences développées en Thérapie d’Acceptation et d’Engagement –  ACT – que nous vous proposons.

Test : comment vous parlez-vous?

Ces exercices proposés par Hélène Loevenbruck aident à comprendre notre langage intérieur.

Essayez de retenir ces mots : mouchoir, musique, raisin, éléphant. Cachez cette liste et demandez-vous : pour essayer de mémoriser ces termes, les ai-je répétés en boucle ? Étaient-ils prononcés avec ma voix ? Ai-je utilisé des images ?

Dans votre tête, dites le son « o » en arrondissant la bouche comme si vous alliez le prononcer. Puis pensez à un « m » : vous constaterez que vos lèvres se resserrent légèrement, ce qui montre bien que cette pensée verbalisée fait appel aux muscles.

Est-ce que vous pouvez parler dans votre tête en prenant la voix d’une personne que vous connaissez ou celle d’une célébrité (Fabrice Luchini ou le personnage Homer Simpson…) ?

Vous entendez des voix ? Vous n’êtes pas fou !

Entre 3 et 5 % de la population, sans trouble psychologique, entend des voix. Des voix rassurantes de proches, d’inconnus, de célébrités mais aussi des voix malveillantes, insultantes… D’après le psychologue Stéphane Raffard, qui a fondé la Clinique des voix à Montpellier (Hérault), ces personnes entendent 50 % de voix positives, 50 % de négatives (contre 90 % de négatives chez les schizophrènes). Ces hallucinations acoustico-verbales (HAV) apparaissent souvent après un traumatisme (agression, deuil…). Dans les cas les plus graves, les patients sont souvent traités avec des antipsychotiques. Dans des cas moins problématiques mais qui génèrent de la détresse, les entendeurs peuvent, grâce à des thérapies comportementales, les apprivoiser et prendre de la distance avec les plus toxiques.

Source : Caroline Péneau, pour le magazine Ca m’intéresse

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